Sources santé

Impact des barrières linguistiques sur la sécurité des patientset la qualité des soins

Rapport final 

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Rédigé par Sarah Bowen, Ph. D.
Pour le compte de la Société Santé en français
Août 2015

POINTS CLÉS

1. L’impact des barrières linguistiques sur la santé et les soins de santé a fait l’objet de recherches importantes, en particulier au cours des 20 dernières années. Ces études (auxquelles s’ajoutent plusieurs revues systématiques et recensions critiques) ont mis en lumière les effets néfastes des barrières linguistiques sur l’accès aux soins de santé et sur la satisfaction et l’expérience des patients, ainsi que les disparités dans les soins reçus par les patients maîtrisant l’anglais (la langue dominante) et les patients confrontés à des barrières linguistiques.

2. Les patients qui se heurtent à des barrières linguistiques sont exposés à un risque accru d’erreurs de médication, de complications et d’événements indésirables. Bien souvent, la protection des droits au consentement éclairé et à la confidentialité fait défaut pour les patients ayant une connaissance limitée de l’anglais.

3. Les recherches sur l’accès linguistique ne recoupent pas parfaitement la littérature traitant de la qualité et de la sécurité des soins de santé; par ailleurs, les études pertinentes ne sont pas toujours publiées dans les revues médicales les plus couramment citées. Cela pourrait expliquer en partie pourquoi les intervenants et les gestionnaires sont peu conscients des risques associés aux barrières linguistiques.

4. En raison du manque de données, peu de recherches se sont attardées aux effets des barrières linguistiques dans le contexte canadien. L’examen des mécanismes au moyen desquels les barrières linguistiques se répercutent sur la qualité des soins et la sécurité révèle cependant que, pour l’essentiel, les conclusions des recherches internationales s’appliquent au Canada.

5. Alors que des éléments probants signalent l’incidence négative des barrières linguistiques sur la qualité des soins (notamment le risque d’événements indésirables), on n’observe aucune disparité entre la mortalité des patients maîtrisant l’anglais et celle de leurs pairs confrontés à des barrières linguistiques. Ce constat ne surprend guère, vu ce que l’on sait des mécanismes d’action des barrières linguistiques sur la qualité des soins et les limites des méthodes utilisées pour examiner l’incidence de ces barrières sur les résultats cliniques.

6. Plusieurs facteurs entravent la prise de mesures visant à minimiser les risques que les barrières linguistiques font peser sur la qualité des soins et la sécurité des patients : la méconnaissance des études actuelles; les lacunes de la recherche canadienne; l’absence de code linguistique dans les données canadiennes; l’habitude de concevoir l’accès linguistique comme une affaire de sensibilité culturelle (et non de sécurité des patients); et l’incapacité de « traduire » les données disponibles en des gestes concrets dans le domaine des soins.

7. Des recherches récentes ont entrepris de décrire les mécanismes complexes en vertu desquels la langue, la culture, la race ou l’ethnicité et la littératie peuvent affecter les soins aux patients.
Bowen, 2015 3

8. À l’heure actuelle, la prise en compte des risques associés aux barrières linguistiques repose sur le dévouement et la largeur de vue de fournisseurs individuels plutôt que sur la mise en oeuvre de stratégies efficaces, fondées sur des données probantes, au niveau systémique. Cette approche est inacceptable à la lumière des méthodes éprouvées dont on dispose actuellement pour assurer la sécurité des patients.

9. Le présent rapport passe en revue les conséquences des données disponibles pour les études à venir, pour la Société Santé en français et pour le mouvement sur la sécurité des patients.